"Cheminots qui nous font cheminer" (suite)
C'est une des nombreuses choses que ce film nous fait partager. Pour ma part, je suis d'autant plus impressionnée, que j'ai eu une place au deuxième rang et que les choix esthético-politiques des cadreurs reposent en grande partie sur du gros plan qui dit vrai le monde de ces hommes et femmes au travail, leur ardeur à le maintenir vivant, sans fard, loin des clichés.
Nous assistons à une démonstration de leurs savoirs et savoirs-faire en action, de leur positionnement mêlant bravoure et intelligence mobilisées pour anticiper ou palier les dysfonctionnements… ou encore l'organisation de la démolition du fret.
Leur priorité c'est « assurer envers et contre tout » la sécurité et la bonne marche du service public.
Pour cela, il n’y a pas d’autre alternative que de défendre bec et ongles son cœur de métier, ne pas lâcher sur le contenu du travail,… pour rester debout.
Une mobilisation intellectuelle et une concentration sans faille, qui nous immergent dans le vécu subjectif de ces travailleurs qui savent aussi porter leurs doutes à l'écran, nous les faire partager sans se déviriliser pour autant.
Du « Qu'allons-nous devenir ? » à « Quelle société voulons-nous, nous travailleurs et nous usagers? », ils ne nous laissent pas tranquilles dans nos fauteuils. Ils tordent le coup aux représentations négatives qui peuvent persister ici ou là.
C'est pourquoi je les remercie de nous montrer l'intelligence collective qu'ils ont su développer, se transmettre et maintenir.
Bravo pour le clin d'œil à Ken Loach qui nous rappelle que les chemins de fer anglais ont connu en leur temps une entreprise de démolition du service public pour finalement se retrouver dans
l'obligation de faire machine arrière.
Je conclurai avec l'optimisme donné par le résistant Raymond Aubrac. Avec une grande simplicité, il nous rappelle l'essentiel : « comprendre, c'est rendre la lutte possible ! »
Un vrai film donc, à découvrir et à faire partager afin que la réflexion des cheminots nous imprègne un peu plus dans nos rapports intimes au travail.