DVD 03 4ème séance 2ème partie
La 2e Partie de cette 3e séance porte sur l’intervention, sur les formes et les dimensions qu’elle revêt pour le département d’ergologie, et leurs implications pour les entreprises. Il s’agit de l’intervention en synergie, usuellement pratiquée par le département d’ergologie, mais dont les retombées sur les activités, sur les collectifs humains, restent très limitées : Yves Schwartz expose ici les contraintes, les limites, les insuffisances de cette forme d’intervention.
Limites qui l’ont amené à réfléchir à une forme d’intervention beaucoup plus interactive, en mesure de produire du changement : les Groupes de Rencontres du Travail, centrés sur l’activité, qui sont des lieux possibles de mises en perspective du travail réel, de l’activité réelle : celle des débats de normes, des renormalisations qui viennent en permanence modifier le travail, et où se situent les réserves d’alternatives.
Au-delà de la question de l’intervention, c’est le métier d’enseignant-chercheur qui est interrogé, le mode de production des savoirs universitaires, et l’impact réel des interventions sur la
transformation sociale.
0,54 mn |
La préoccupation de l’intervention, donc de la transformation, est omniprésente dans notre métier. Elle s’est engagée avec des syndicalistes dans un premier temps, puis avec des entreprises du service public. Comment opérer le déplacement nécessaire des choses dans la production intellectuelle universitaire, auquel conduit le regard porté sur le travail ? (cf aux travaux d’Yvar Oddone et son apport sur ces questions) |
3’54 |
Il y a trois formes d’intervention. Nous avons beaucoup utilisé la forme d’intervention en « synergie », qui renvoie à nos fréquentations : il s’agit d’associer à notre équipe universitaire, les compétences de tel ou tel partenaire institutionnel, social, professionnel. |
9’10 |
Ces interventions se font sur le mode assez classique du rapport de recherche. L’apport est réciproque. Mais ce n’est pas suffisant pour être des opérateurs de changement dans l’intervention sociale. Les rapports ne sont ni lus ni exploités. |
12’23
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2e forme d’intervention : les Groupes de Rencontres du Travail. Evocation de l’expérience entamée en 2002 , à l’ANPE. : l’aide à la création d’un Observatoire des conditions de travail des agents de l’ANPE. De la forme classique d’intervention qui était demandée (l’étude des conditions de travail, et la restitution d’un rapport), l’intervention a été orientée vers un processus dynamique de co-formation et de co-élaboration, sous la forme d’un GRT. |
21’50 |
Pour l’ANPE, l’activité c’était la tâche, ce n’était pas le travail au sens de renormalisations permanentes. Il fallait montrer comment s’opère le rapport des agents de l’ANPE au parachutage successif de normes antécédentes… que le travail, c’est gérer des débats de normes. C’est là l’objectif fondamental, et c’est un élément de l’ergomanagement. |
27’18 |
Le rapport a été co-écrit par deux membres de notre équipe, et trois membres de l’ANPE, avec exigence qu’il soit mis sur le site, donc appropriable. Ça, c’est une forme d’activité qui est spécifiquement ergologique. Il n’y a pas eu une seule forme d’action. . Après la publication, le travail réalisé nous échappe ; le problème, c’était d’endogénéiser ce regard sur l’activité humaine, comme puissance permanente de renormalisation.. |
36’30 |
Pourquoi la forme GRT me paraît-elle être un chaînon manquant de la transformation sociale ?
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38’50 |
Renormaliser c’est travailler autrement, et pour des raisons et des choix conscients ou inconscients. Ça veut dire que là, il y a des réserves d’alternatives pour travailler autrement (…), vivre autrement. |
42’19 |
A l’autre pôle, il y a l’Université, le CNAM… Il nous manque la confrontation aux situations réelles de travail. Nos connaissances restent à distance des lieux où la transformation doit s’opérer. |
47e mn |
Projection du transparent « CHANGER ENSEMBLE », qui illustre l’idée de « chaînon manquant ». Le chaînon manquant, c’est le 2, le Pôle des « Rencontres du Travail ».. |
51e mn |
Il n’y a pas de transformation fondamentale dans les situations de travail, s’il n’y a pas en même temps des remises en question fondamentales dans le Pôle 3, le Pôle des institutions du savoir, sur la manière de produire des savoirs sur les activités humaines. ………………….. Je parlais de formes spécifiques de culture et d’inculture. Il y a encore aujourd’hui, spontanément, dans l’université, des idées pauvres de la culture, c’est-à-dire qui sont celles des activités humaines et des activités de travail. |
51’55 |
Evocation de ses études de philosophie à l’Ecole Normale Supérieure, du sentiment éprouvé, partagé entre fascination et malaise. J’étais en face de gens comme Althusser, Lacan, Foucault, Bourdieu… « Il y avait quelque chose de fascinant (…) et de stérilisant… » |
55’04 |
Alors qu’à côté de là, à 100 m, il y avait le CNAM, des gens qui bouleversaient cette image de la philosophie. Alain Wisner… Bernard Tort, c’était deux mondes totalement différents. |
57’07 |
Ce que j’appelle une idée forte de la culture (…) c’est prendre en compte les complexités du travail, c’est voir qu’il y a de la matière étrangère. |
57’35 |
Sans le pôle 2, il manque quelque chose. A l’ANPE, le GRT permettait de créer « un lieu où s’effaçait la subordination juridique ». C’est là où les réserves d’alternatives peuvent se débattre, et par conséquent produire du nouveau. |
De 1 :05 à 1 :35 |
Long débat très intéressant avec la salle, engagé par un syndicaliste de la FSU et sur lequel rebondissent plusieurs personnes, sur les interrogations que soulève l’approche ergologique au monde syndical, autour de la question de la conflictualité - que devient la conflictualité au travail, dans cette approche ? Où se situe le conflit, et donc, où se situe le travail syndical ? Sur les limites de l’intervention, y compris dans ses nouvelles formes, en matière de changement dans le travail, dans la culture et les pratiques syndicales… . |