Que faisons-nous ?

Publié le par Rencontres du travail

4875982207_3e701b14eb.jpgEn complément de notre dernier article sur "Le travail, grand absent du forum sur la pénibilité…au travail !", un autre commentaire nous est parvenu.

Le voici :


"J'ai assisté au Forum sur la Pénibilité du travail et Santé le 29 juin 2011 à Toulouse.
> Un commentaire de Bastien pointe l'absence de mise en question du réel du "travail" lors de ce forum. Et pour cause, peut-être.

 
 Ce forum, intéressant parce qu'avec des intervenants aux regards croisés, a notamment souligné l'écart entre temps de travail dit pénible -c'est-à-dire requérant une compensation physique ou psychique importante pour satisfaire à une demande prescrite - et perception a postériori sur le corps, le mental, des effets de cet investissement grevant le capital santé. Cet écart  temporel entre réalité de la ponction et perception des effets pose la question  (sans le savoir vraiment) de notre rapport au temps immédiat.
 Que faisons nous de chaque instant si ce n'est l'annuler pour se projeter dans cet écart, dans ce lointain, où enfin, l'idéal nous attend (comme promis, enfin vivre à la retraite...).
 Louons-nous notre force de travail ou bien vendons-nous un temps, chaque instant de notre vie,  vers notre mort?
  Les négociations visant des aménagements afin de préserver, maximiser un état de relative  santé (allègement des contraintes, repos, retraite, ...) n’est-elle pas le paravent occultant le présent et le sens qu'on lui accorde. La focalisation sur une perspective temporelle (arrière et avant, passé,  avenir), entretient l’illusion monnayée, sorte de filet de rabattage, pour faire taire  toutes questions sur "que faisons-nous, là, tout de suite".
 La société productiviste nous accorde une dispense quant au sens à donner au travail.
 Nommer la réalité de ce que "travail" veut dire - positionnement subversif sans doute - rend tout-à-coup bien étranges les négociations concernant l'encadrement d'un  travail auquel le sens échappe aux "travaillants». Comment mourir pour une cause que l'on ignore, en se soutenant d'une solution de rattrapage qui viendra dans un temps d'après.
 L'alimentation par notre société d’un espoir de réversibilité du temps et de la mort, du recouvrement d'un état de santé  (l'homme bio-ionique est pour demain), est tâche bien aisée dans cette logique axée sur une perspective de plus-value.
 La  prise de conscience qu'aucune "stratégie" de retour en arrière, d'annulation de ce temps utilisé n'existe,  devrait nous inviter à ouvrir l'œil  sur ce sur quoi réellement on s’engage.
 SI notre société entretient un regard volontairement "aveuglé" sur le travail et elle trouve aide  en cela par l'équivalence symbolique travail=vie=mort=indicible.
 Forte de cet indicible, elle nous offre un "prêt-à-vivre travaillant", nous dispensant d'avoir à assumer la responsabilité de la vue sur notre finitude personnelle: mourir pour une cause partagée serait moins terrible que de mourir seul, disent-ils...

  Si vivre, c'est se savoir mourir, l'activité peut se présenter sous d'autres perspectives."

Caroline


 

 

S'il nous arrive de nous inquiéter de ne pas voir une place suffisante à l'Activité/débats de normes  dans ces  "journées savantes" consacrées à la pénibilité au travail, au stress, à la souffrance, à la gestion des entreprises... nous pouvons être toujours certains que les "dramatiques d'usage de soi"  sont toujours là ( plus ou moins mises en avant, ... mais toujours là).
Que faisons-nous ? Que voulons-nous vivre au travail ? Que voulons-nous vivre dans la cité ?... Oui,  il faut oser aborder ces questions.
Et, quand on a choisi l'ergo-engagement, nous voyons que nous pouvons mieux y répondre.


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